Ce vendredi 17 mai, une tentative d’incendie a visé la synagogue de Rouen. Cet acte antisémite aggrave le sentiment d’insécurité des communautés juives en France, également mises en danger par la réaction du gouvernement.

Suite à la tentative d’incendie qui a visé la synagogue de Rouen ce vendredi 17 mai, nous tenons tout d’abord à exprimer notre solidarité pleine et entière avec la communauté juive de Rouen touchée par cette agression.

Cette attaque s’inscrit dans un contexte de montée du racisme – comme en témoigne l’augmentation des actes antisémites et islamophobes enregistrés ces derniers mois – marqué notamment par la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza. Il procède également de la politique répressive et raciste du gouvernement qui, sous prétexte de lutter contre l’antisémitisme, ne cesse de franchir de nouveaux caps dans sa fuite en avant autoritaire : criminalisation des mouvement sociaux, instrumentalisation de la justice contre l’opposition, licence complète accordée à la police dans l’utilisation de la force létale contre les minorités, comme le démontre encore une fois la mise à mort de l’assaillant de la synagogue de Rouen. Sa glorification par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a annoncé vouloir décorer le policier ayant fait feu, véhicule ainsi un refrain mauvais.

Nous considérons que cette politique est dangereuse pour les Juif·ves de France. Loin de faire reculer l’antisémitisme, en acte ou en opinion, elle tend à nous isoler du reste du corps social, et en particulier des minorités nationales et des forces politiques de gauche. À ce titre, nous déplorons que les attaques récentes contre les mosquées de Morlaix et de Cherbourg n’aient pas soulevé la même indignation que la tentative d’incendie de la synagogue de Rouen. Le deux-poids-deux-mesures habituel affiché tant par l’Etat français que les médias mainstream contribue à mettre la communauté juive en concurrence avec les autres communautés racisées. Loin de nous protéger comme il le prétend, le gouvernement français nous expose en réalité à tous les amalgames et nous projette au centre des tensions qui traversent le corps social.

Nous affirmons une nouvelle fois notre pleine compassion avec les fidèles de la communauté juive de Rouen.

Nous affirmons qu’en tant que groupe minoritaire en France, les Juif·ves n’ont aucun intérêt divergent avec les autres groupes minoritaires luttant contre le racisme.

Nous affirmons enfin la nécessité de constituer un front large anti-colonial et anti-raciste à gauche suffisamment solide pour rompre avec un bloc bourgeois de plus en plus indiscernable de l’extrême-droite et sa politique suprémaciste.