Convocation pour « apologie du terrorisme » : soutien et solidarité avec l’UJFP

Le 7 juin dernier, Daniel Lévyne, directeur de publication de l’UJFP (Union Juive Française pour le Paix) a été convoqué pour “apologie du terrorisme” suite à des communiqués de soutien au peuple palestinien datés du 7 et du 9 octobre. Nous tenons à exprimer toute notre solidarité avec notre camarade.

 

Il est indispensable de rappeler que cette association juive laïque née après les Accords d’Oslo lutte sans relâche pour une paix juste et durable entre Palestinien·nes et Israélien·nes, et contre toutes les formes de racisme en France depuis plusieurs décennies. Elle a publié plusieurs ouvrages dont le livret pédagogique Une parole juive contre le racisme et un recueil de témoignages intitulé Parcours de Juifs antisionistes. Elle a notamment compté parmi ses membres des rescapé·es de la Shoah. L’UJFP fait également un travail de solidarité active avec le peuple Palestinien, dont la manifestation la plus visible était le château d’eau de Khuza’a, à Gaza, construit grâce à une levée de fonds de l’organisation en 2016, et orné de son sigle. Le château d’eau a été détruit par les bombes de l’armée génocidaire israélienne en février dernier. Tant par son élaboration politique que par sa solidarité concrète, l’UJFP a beaucoup compté dans la construction d’un mouvement juif antiraciste et antisioniste en France. Nous lui devons beaucoup.

La convocation fait suite à une action initiée par les Jeunesses Juives Françaises (JJF), une association proche des positions d’Eric Zemmour. Ce type de procédures baillons contre les militant·es et les collectifs antisionistes rappelle les plaintes groupées déposées par le lobby sioniste OJE (Organisation Juive Européenne), qui avaient abouti aux convocations notamment de Mathilde Panot, présidente du principal groupe d’opposition à la macronie, Rima Hassan, réfugiée palestinienne alors candidate sur la liste LFI aux élections européennes, ou encore Raphaël Arnault, militant antifasciste de la Jeune Garde lyonnaise.

Les voix juives ne sont perçues comme légitimes en France que lorsqu’elles prennent fait et cause pour le sionisme, aujourd’hui engagé dans une phase génocidaire. Déjà le 6 décembre 2023, la mairie de Paris a voulu faire taire des voix juives antisionistes en annulant la rencontre  avec Judith Butler prévue au Cirque Électrique par un chantage aux subventions. Ce meeting devait se tenir  à l’appel du collectif “ Guerre permanente ou paix révolutionnaire, il faut choisir !” initié par Françoise Vergès et co-organisé notamment par Paroles d’honneur, l’UJFP et Tsedek!. Cette décision témoignait  d’un fort paternalisme blanc envers les Juif·ves en France, puisque les arguments, notamment ceux de la Chargée de la culture, Aurélie Filippetti, évoquaient alors le risque de propos antisémites, visant nominemment notre camarade Houria Bouteldja, victime depuis des années d’une campagne calmonieuse basée sur des lectures déformées de ces ouvrages. Heureusement, donc, que Mme Filippetti était là pour nous indiquer qui est antisémite ou non, nous n’aurions pas pu nous en apercevoir autrement !

L’Etat français et sa bourgeoisie, tout comme l’État israélien et ses relais en France, cherchent à invisibiliser et silencier les voix juives antisionistes, préférant que nous soyons représenté·es par nos franges les plus bourgeoises, les plus sionistes et les plus réactionnaires. Ce faisant, ils homogénéisent les communautés juives qui sont pourtant diverses culturellement, socialement et politiquement. Pourquoi aucun membre d’une association née il y a 30 ans et au premier plan de la solidarité juive avec le peuple Palestinienn’a depuis le 7 octobre été invité dans les médias (à de rares exceptions près, dont Le Média que nous saluons), alors que Nous Vivrons, un collectif flirtant avec l’extrême-droite et pro-sioniste, et qui existe seulementdepuis moins d’un an, a concentré une bonne partie de l’attention médiatique ?

Avec la convocation de notre camarade Daniel Lévyne, à cette censure par le silence s’ajoute désormais celle de la répression judiciaire. La qualification infamante d’apologie du terrorisme utilisée par l’Etat français pour criminaliser le soutien à la Palestine n’épargne ainsi pas même les voix juives. Ce phénomène n’est du reste pas exclusivement français, comme en atteste la menace de dissolution qui pèse sur nos camarades du Jüdische Stimme et l’arrestation de son président Wieland Hoban par la police britannique à la demande des autorités allemandes. Face à la radicalisation autoritaire des Etats occidentaux soutiens du pouvoir criminel israélien, nous réaffirmons la nécessité urgente de faire front, en France comme ailleurs, afin de mettre un terme au génocide en cours à Gaza, et que justice soit rendue au peuple palestinien.

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